À Raymond de la Tailhède.
- Elle est à vendre, la Villa, depuis des ans.
- Le jardin où sonnaient d’amoureuses paroles
- A tu son rire, et gît, inutile, à présent
- Qu’en chaque allée il a poussé des herbes folles.
- La cour mauresque dont le dallage se fend
- Ne s’éveille plus de sa paix silencieuse.
- Et près d’une eau tarie, une statue-enfant
- S’immobilise en un beau geste de joueuse.
- Personne. Un vieux lierre escalade les volets.
- Or si l’enfant s’abstient de son jeu d’osselets
- Et lève un peu son front d’orphelinette triste,
- C’est, croirait-on, pour suivre au-delà des arceaux,
- Dans le méchant carré de ciel qui lui subsiste,
- Ce seul émoi qu’elle a du monde : un vol d’oiseaux.
Ernest Raynaud.
- Ivry, Mai 1888.