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« Des Ducs que Dieu voulut sevrer des apanages
« Et qui mirent à mal les Dîmes des Clergés,
« Éclaboussant le ciel du sang de leurs carnages
« Et comblant les vallons d'Évêques égorgés !...
« Mais, maintenant, épars sur les chairs coriaces
« Et les gestes gelés de ces morts sans tombeaux
« Et que ne sanctifie aucune croix, croasse,
« Voraces et couards, le vol noir des corbeaux !...
« De la sorte ont passé, sur ces terres novales
« Que protéger ne sut le Moine nonchalant,
« Les Ducs velus, Des Ducs velus, juchés sur d'étiques cavales,
« Qui furent, dans la nuit, comme un songe sanglant !...
Le Troubadour ainsi dit à sa dame
Une histoire d'amour...
« Racontez donc, ô mon gai Troubadour,
« Racontez donc à votre douce dame
« En attendant que fleurisse le jour,
« Racontez donc, à votre douce dame,
« Gai Troubadour, une histoire d'amour !... »
Dit la Baronne, en son morne manoir :
« Le vent hulule, aux créneaux du manoir !...
« C'est une nuit de guerre et de désastres !...
« Le vent hulule !... Et le ciel est bien noir !...
« Le vent hulule !... Et le ciel est sans astres !... »
Dit la Baronne, en son morne manoir...
G.-Albert Aurier.