Ha ! cette nuit est dure,
- Il cingle des vents d'on ne sait pas où,
- Un homme qui s'enfuyait comme un fou
- M'a failli jeter sous une voiture...
Ah ! pitoyable petit monsieur romanesque- Pourquoi t'en aller ainsi tous les soirs
- Rouler des yeux blancs pour les beaux yeux noirs
- De cette Dame ? — oh ! si belle ! mais tant honneste !
- Mais honnête à faire pleurer !
Et je pleure à là lune- Pour ses beaux yeux
- C'est, disent mes aïeux,
- Être en bonne fortune.
- — Ah ! vraiment non... aucune.
- Mais honnête à faire pleurer !
Tiens ! La lumière s'est éteinte... C'est dommage :- Elle était vraiment suggestive. — Hélas ! peut-être
- Nichais-tu, mon jaloux ramier, à l'autre étage ?
- Mais elle était douce à mes yeux — cette fenêtre.
Ainsi partir ! S'en aller, toujours s'en aller,- Sans avoir pu lui dire un petit : « Je vous jure... »
- Ah ! c'est qu'Elle m'est si bien toute la Nature !
- — Avec les bois, les sources, les oiseaux, parler
- Gentiment, comme François d'Assise, ô mon Dieu,
- Qui rêvez dans ces vois profondes, en tout lieu,
- Et qui nous envoyez toute cette musique !
- — C'est qu'elle est si bien toute ma Métaphysique !
Ha ! ha ! Du vent ! Ah ! la nuit est dure,- Il me semble qu'il y a longtemps que ça dure.
- Et je pleure à la lune...
- La lune, où donc ?... Aucune,
- Mais des nuages noirs à gros ourlets, d'argent
- D'enterrement.
Louis Denise