- Sur la berceuse et triste perle,
- O Psyché lasse du poison,
- Loin des étincelles du merle,
- Appareille pour la Toison.
- Du moins, si longue soit la route
- Emmi les rubans du vitrail,
- Que, Psyché, puisses mourir toute
- Avant les parfums du bercail!
- Chaque fortune est rosé brève,
- Avec l'épine au souvenir;
- Nulle ne vaut le lys du rêve,
- En robe blanche d'avenir.
- Le baiser greffe Souciance
- Aux grappes noires désormais,
- Dolence est la bru de Science,
- O Psyché, n'aborde jamais !
- Dévoile donc ton aile à l'heure
- Inaccessible du plaisir.
- Telle espérance point ne leurre :
- Il n'est bijou que le désir.
Grève de Mousterlin, 8 octobre 1890.
- immense Guêpe aux ailes de cheval,
- qui ruisselles parmi le joli val
- flori par la brebis et le calvaire
- où gazouille la coiffe héréditaire,
- envieillis-moi vers le jeune autrefois
- de bien avant les mains de la quenouille,
- ô Guêpe, vers l'éteint matin de roche
- inencore enguirlandé par la cloche
- appendant à la ruche de la croix,
- oh ! m'enjeunir vers le vieil autrefois
- de bien avant les yeux de la quenouille,
- afin que viergement je m'agenouille !
De Douarnenez à Audierne, 19 octobre 90.
- Sur les parfums bêlés par les saintes mamelles
- Plane le lac où clignent les grenouilles d'or.
- Maudissant les anneaux des chevilles jumelles,
- Tel un ibis ouvert au succulent trésor,
- J'adjure mes désirs d'apitoyer l'Orfèvre
- Avec le mendiant tapi dans leurs roseaux.
- Mais la brise est tarie en le puits de ma lèvre;
- Aux calices des flûtes sont morts les oiseaux.
- D'ailleurs les fleurs humaines, dites les oreilles,
- N'éclosent pas sans doute sur les joues du ciel.
- C'est en vain souhaiter que les dives abeilles
- Descendent me répondre une pitié de miel.
- Je vais donc me faner entre les draps de lune
- Où splendit l'éventail des vides chasselas
- Et mourir un peu, loin de la glèbe importune,
- En attendant les coqs, fanfariers du lilas.
Audierne, 20 octobre 90.
Saint-Pol-Roux