- Ma gabare brisée aux récifs de la berge,
- N'osant plus espérer l'aube des blonds demains,
- Et mes pieds lacérés aux ronces des chemins,
- J'ai rencontré ton Cœur qui fut ma bonne auberge..
- Au foyer de ton Cœur, j'ai séché mes lambeaux,
- J'ai bu dans tes hanaps l'hydromel du bien-être...
- Nous avons persiflé longtemps, par la fenêtre,
- La tempête et le vol sépulcral des corbeaux...
- Dans le lit de ton Cœur, j'ai couché mes paresses...
- Tu fus l'hôtesse douce, au rire large et bon,
- Qui donnas volontiers an blême vagabond
- Le pain de tes baisers, le vin de tes caresses !...
- Ce bleu festin d'amour, le vivrons-nous encor ?...
- — Hélas ! J'ai su, depuis, marchande de délices,
- Que si ta main vidait la huché et les calices
- C'était pour les remplir de mes joyeux sous d'or !...
- Ma gabare brisée aux rochers de la berge,
- N'osant plus espérer le printemps de tes mains,
- Me faut il maintenant, dans la nuit des chemins,
- Fuir à jamais ton Cœur qui fut ma bonne auberge ?...
G. Albert Aurier