« Si pâle, ainsi le mur triste d'un monastère,
Saignante aussi d'un doux souci qu'il vaut mieux taire,
Dame d'Automne aux mains fanées,
Mon âme flotte en la vesprée.
Sanglots d'une onde fabuleuse, ô nuées éphémères,
Ciel d'or, moires vibrant de harpes énervées,
- Est-ce l'Euphrate où tu te désaltères,
- Ma pauvre reine énamourée? »
« Je ne sais, je voudrais boire à même la brise
Un peu de l'oubli frais qui sommeille aux feuillures
Ou — vierge aubale, espoir des Aurores futures —
M'agenouiller au seuil très loin d'une nouvelle église.
Et pourtant, et pourtant, ô fière solitude,
Parmi tes parfums morts et le frisson des soirs
Je revis l'hymne lent des soleils blancs, prélude
D'un chœur pleuré par nos archanges noirs,
- Prophètes de la Nuit que ton silence élude.
- Prophètes de la Nuit que ton silence élude.
O mirage indécis qu'il ne faut effacer,
O le charme frileux des feuillures graciles —
C'est le luth défaillant de la Sainte Cécile....
Mais quel geste violant ma faiblesse docile !
Voici Circé rieuse et son philtre opiacé :
Je bois — je suis le dieu très fort et très subtil —
Et le souci s'en va boiteux qui m'a blessée.
O poison sidéral où fulgure le rêve,
- Unique trône: Illusion!
- Unique trône: Illusion!
Un envol d'oiseaux d'or éclate qui m'enlève
Vers un parc embrasé de rouges floraisons.
Adieu la vie sans ailes et la grise raison,
Les nuées ont fui où fut ma prison —
- Jouvence, je sais ta fontaine,
- Jouvence, je sais ta fontaine,
Et, sauve de la foule obscure qui se traîne,
Je vais cueillir enfin ces étoiles lointaines. »
Adolphe Retté.