- Horloge où le balancier pleure
- Sa lourde lacryme d'or,
- O colombier de l'heure
- Aux œufs de leurre
- Et d'ancien cor,
- Cesse tes tourterelles
- Vers mes tourelles!
- Vers mes tourelles!
- L'aspic de trahison
- Garrotta ma raison
- Dans le désert de jusquiame
- Horloge où le balancier pleure
- Où la cendre complice ensabule mon âme.
- Alors que les missels
- Grisaient de jolis scels
- Ma foi riant à la paresse,
- Le chacal a bu ma citerne de caresse.
- Hors des ris et du fruit,
- Les ongles de la nuit
- M'entent l'inane lassitude
- En l'insipide et malévole solitude.
- Oh tant! que les désirs
- Sués dans les loisirs
- De cette opaque somnolence
- N'accédent même pas à rayer le silence.
- O mer des sabliers,
- Bannis ces peupliers
- De brume ensorcelant le calme
- Et verse-moi l'adolescence de la palme !
- Cesse tes tourterelles
- Vers mes tourelles,
- Colombier de l'heure
- Aux œufs de leurre
- Et d'ancien cor,
- Cesse tes tourterelles
- Prodigue horloge où le balancier pleure
- Sa lourde lacryme d'or!
11 avril 87.
- Mon Cœur est chevauché par des sabots allègres
- De cavales maigres!
- De cavales maigres!
- Pendant la dense danse,
- Les Fantômes en selle
- Le cavent de leur lance
- Ainsi qu'une nacelle.
- Mon Cœur est chevauché par des sabots allègres
- De cavales maigres !
- De cavales maigres !
- Sous les lunaires linges,
- Ce semble une disette
- Où d'hystériques singes
- Curent quelque noisette.
- Mon Cœur est chevauché par des sabots allègres
- De cavales maigres!
- De cavales maigres!
- Adieu, chères corbeilles
- De mes jeunes golcondes :
- Corbeaux, palmes, abeilles
- Des vigiles fécondes !
- Mon Cœur est chevauché par des sabots allègres
- De cavales maigres !
- De cavales maigres !
- Vide coque d'alarmes,
- Leste-toi de grenouilles
- Et cingle sur mes larmes
- Vers les neuves quenouilles!
- Mon Cœur est chevauché par des sabots allègres
- De cavales maigres!
- De cavales maigres!
- Vite! aux donjons d'ivoire
- En l'île de vengeance
- Où je serai la Gloire
- Aux bagues d'indulgence!
- Mon Cœur est chevauché par des sabots allègres
- De cavales maigres!
- De cavales maigres!
- Mon Cœur est chevauché par des sabots allègres
30 octobre 89.
- Les arrosoirs volants s'épanchent sur la geôle
- Où le serpent noua la rogue humanité;
- Sous les orteils divins, c'est comme un vaste saule
- Eparpillant ses longs rameaux d'humidité.
- Néanmoins, j'ai quitté la tuile maternelle
- Et je m'offre sans linge au ciel extravagant;
- Même je fuis l'égide parvule d'une aile,
- Ayant soif du pardon que pleure l'ouragan.
- Saintes perles de l'altière Mélancolie,
- Entreprenez l'âpre lessive des péchés
- De cette viande laide autrefois si jolie;
- Et viens, Cygne, au vieux parc de mes os débauchés.
- Réaliser le ciel de ma chasuble en pluie
- Moyennant le remords de la Ténèbre enfuie !
- Ile Tristan, 18 octobre 90.
Saint-Pol-Roux.