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Version actuelle en date du 26 décembre 2014 à 19:24
rimes les plus sûres et rythmée merveilleusement ?
Il reste seulement certain que, de même
que tous les esprits très féconds, Aurier était un
poète inégal. Ce défaut n'est-il point une quasi
supériorité ? Encore une fois,je ne dirai pas non.
Entre ces ébauches, la plus notable, par l'importance
qu'elle devait avoir, semble être Irénée. Il
n'écrivit qu'un acte à peine de cette tragi-comédie
où il voulait expliquer non pas seulement
l'inutilité, mais la nocuité de l'expérience et du
savoir humains ; ce peu est déjà d'un grand
intérêt: on y sent une réelle force de pensée et,
dans tels passages, celui des femmes de jadis, par
exemple, celui où sont dits les méfaits de la
science, il y a des vers exquis ou formidables.
Irénée, l'Innocence, est sollicité par le démon
Asmodeus qui veut lui apprendre la science,
c'est-à-dire l'amour— puisque tout est dans ce mot et que la science n'est que désir, c'est-à-dire amour (7).
« Viens, dit Asmodeus.
« Non ! Viens ! Mes lèvres ont le goût des ambroisies. »
L'Archange qui veille sur le frêle Irénée répond
(je cite d'après un premier texte modifié dans le
dernier manuscrit):
« Le savoir est un puits aux murailles moisies. »
Asmodeus:
« Le savoir est un ciel d'éternel germinal.»
Tel est le débat, entremêlé d'aristophanesques
bouffonneries. Irénée succombe, et, dès qu'il est savant, « la nature lui paraît abominable », (8).
Fâcheusement, l'éducation classique, la lecture,
souvent maladroite, des tragédies de la belle
époque, de séculaires préjugés, la routine où,
depuis la Renaissance, les professeurs de belles-