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méritent pas cet honneur. Il épuise à se créer des haines et à se rendre tout à fait impossible plus de talent qu'il n'en faudrait pour être trois fois célèbre. Il faut qu'aussi dans ses écrits il regarde plus haut, là où est orientée la vie de son âme, qu'il nous donne enfin les grandes études bibliques qu'il médite depuis si longtemps, ou qu'à l'exemple de ses maîtres de prédilection dont il a eu ou a l'amitié aussi bien que la louange : Barbey d'Aurevilly et le comte Roselly de Lorgues, il nous livre les romans de premier ordre ou les panégyriques de saints dont Le Désespéré et La Chevalière de la Mort nous montrent si bien qu'il est en puissance. Les haines, même littéraires, même religieuses, quand bien même elles sont inspirées par la plus excessive et la plus inassouvie des soifs de justice, ne sont point faites pour embellir une vie, non plus que pour la sanctifier.
J'appelle de tous mes vœux le jour où je pourrai admirer Léon Bloy sans aucune réserve et où je n'aurai plus à mixtionner d'un blâme peut-être inintelligent mon affection, et à déclarer superbes et dignes de toute admiration des livres que je n'approuve pas entièrement.
William Ritter.
(1) Tresse et Stock, éditeurs.