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Au loin des détonations espacées, monstrueuses, une tempête de clameurs, de cliquetis, de buccins. Plus près des chants liturgiques et le roulement des machines de guerre qu'on traîne aux remparts. Au ciel le reflet livide des incendies. Dans l'église des Saints-Apôtres, sous la coupole, l'higoumène Théodore siégeant, calme, au milieu de ses disciples tous vêtus de l'habit des anges le long des mosaïques murales.
« En vérité, Jean, c'est toi qui te trompes et l'hérésie de Nestorius est au fond de tes paroles. Prétendre que la nature divine ne s'est unie à Jésus dans le Christ qu'à la Nativité et non dès la Conception et qu'elle l'a abandonné au jardin des Olives, c'est équilibrer l'erreur d'Eutychès par une erreur adverse, c'est nier l'hypostase. Or les saints conciles ont jeté l'anathème sur le monophysisme. »
Tout pâles les plus jeunes moines se soulèvent à demi, si effroyables redoublent les détonations. Mais les vieux restent impassibles comme des icônes, leurs regards caves toujours dardés sur l'higoumène qui poursuit d'une voix sereine et sans que frissonne un poil noir de sa barbe étalée en roue :
« Mais si le Fils est homme, il n'en est pas moins Dieu. Le Paraclet aussi. C'est donc que leur source divine est identique. Cette source ne peut être qu'unique puisque Dieu est un. Donc le Paraclet procède du Père seul, et non du Père et du Fils,