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Finalement, il me coûte de le dire, tant le roman est faussé par ce banal dénouement, Don Quichottin se marie. Tel est, résumé en quelques-uns de ses épisodes, le dernier livre d'un humoriste très distingué et depuis longtemps bien connu en France. L'idée seule de ce Don Chisciottino, comme celle d'un roman antérieur, Monsieur Moi, montre un écrivain moins préoccupé de larmes et de rires productifs que de larges et curieuses synthèses. Il est cependant nécessaire de lui reprocher une fâcheuse timidité, une peur de choquer les pudeurs bourgeoises, des aphorismes sur le progrès que M. Bonghi suffirait à émettre, enfin un style qui tourne trop prompt au badinage attendri, ce style qui entache de snobisme les créations de Dickens. Malgré ces restrictions, que me dicte la naïve sincérité, Don Chisciottino est un livre d'une jolie logique, — jusqu'à la pénultième page, — d'une fine observation. Je le vois, peuplier souple et clair, émergeant de la selva oscura, du vague taillis de la littérature cisalpine, où quelques bons bûcherons — quelques cognées critiques — attendent patients la croissance et la poussée d'un tas de balivaux nains, — et c'est très beau qu'il nous vienne un tel livre d'Italie : il n'en vient pas souvent.
R. G.
Les dernières revues italiennes. — A noter, dans la Gazzetta letteraria, de Turin : une curieuse étude de M. Adolfo Zerboglio sur les fous de bibliothèques