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J'immortaliserai ton corps dans mes vers graves,
Pour que, multiplié sur ces lourds piédestaux,
Son marbre, environné d'honneurs sacerdotaux,
Plane, au-dessus d'un peuple agenouillé d'esclaves
(J'aurai bâti mon Œuvre, en dépit des entraves,
Comme un temple étayé de fûts monumentaux
Dont nul, jamais ! ne pourra voir les chapiteaux
S'effondrer, sous l'énorme effort des architraves).
— Alors, de vains désirs souillant ton sexe nu,
Ces vils adorateurs, qui ne l'ont point connu,
Joindront leurs doigts dévots vers sa rigueur farouche :
Et moi, dont le dédain terrible l'a dompté,
Seul j'aurai possédé ton cœur, ému ta bouche,
Et trouvé l'animal sous la divinité.
Pour les relire aux jours de vos mélancolies,
Ces vers désespérés que vous seule aurez lus.
Vous m'avez dit des mots qui valaient des folies :
Mais ces vers, même à vous, je ne les montre plus
(O stances de mon cœur, ô stances abolies !
Nul n'entendra gémir ces rythmes absolus,
Puisque le cristal pur des voix les plus jolies
Se brise au choc de leurs timbres voulus),