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R. G.
Les Sept Princesses, par Maurice Maeterlinck (Bruxelles, Paul Lacomblez). — Quelques jours avant que paraissent les Sept Princesses, un ingénieux chroniqueur, qui signe Saint-Charles au Figaro, y donna indiscrètement une analyse du drame nouveau ; il s'en gaussait avec l'aimable ironie des hommes bien élevés qui ne veulent point être dupes, et en différentes occasions se demandait, selon la guise de M. Sarcey : « Pourquoi font-ils cela ? Pourquoi disent-ils cela ? Je crois bien que l'auteur se moque de nous. Enfin ! il y aura des gens qui feront semblant de comprendre. » Comme si jamais quelqu'un (sauf peut-être feu M. Scribe ou feu M. A.Thiers) avait su pourquoi qui que ce soit fait quoi que ce soit : il nous amuse d'attribuer aux événements des motifs sérieux et raisonnables, et par une économie spirituelle quasi-fatale nous mettons volontiers de l'ordre dans la succession des images, des sensations et des idées que semble nous suggérer le spectacle du monde, et nous tenons bourgeoisement les comptes de notre vie mentale. Nous ne nous sentons plus de joie quand les poètes (et j'entends ici ceux qui créent des œuvres d'art soit phoniques, soit plastiques) organisent harmonieusement le chaos des choses pour notre plaisir ; et peut-être, après tout, cet égoïsme intellectuel est-il légitime. J'admets que ce jour un peu artificiel charme le plus grand nombre : encore n'est-il que d'une stricte justice d'admettre aussi que d'autres, comme Maeterlinck, expriment de préférence les ténèbres de l'âme, parce qu'ils sont descendus, hagards et effarés, dans les limbes merveilleuses de l'inconscience.
C'est une histoire étrange et simple que celle des Sept Princesses : On dirait d'une chanson populaire dialoguée et mise en action ou de quelque conte aussi vieux que la terre, comme en recueillirent les frères Grimm. Quand, sur le grand vaisseau de guerre, le prince revient des Iles inconnues vers le grand-père et la mère-grand, derrière les vitrages, dans une salle où il ne pénétrera qu'en soulevant une pierre funèbre, les Sept Princesses dorment leur sommeil de fantômes, et parmi elles il y en a une qui ne s'éveillera plus,