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La position de M. Bryant (2) dans le monde poétique est peut-être mieux établie que celle de tout autre Américain. Il n'y a sur le rang qu'il occupe que peu de différences d'opinion; mais, comme d'habitude, l'accord est plus complet dans les cercles privés que dans le public, à en juger par ce que l'on peut glaner des sentiments du public dans la presse. Aussi bien, je dois observer ici que cette unanimité d'opinion dans les milieux littéraires est toujours fort remarquable lorsqu'on la compare avec les divergences de l'apparente opinion publique. Hors des journaux il est presque rare de rencontrer une sérieuse diversité de vues touchant le mérite d'un écrivain. L'homme de lettres, habitué à la réclusion, qui se mêle pour la première fois au monde littéraire, est invariablement étonné et charmé de découvrir que les décisions de son propre et libre jugement, - décisions qu'il a cru devoir taire à cause de leur contradiction flagrante avec les décisions de la presse, - sont soutenues et considérées comme des choses toutes simples, toutes naturelles, par