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et dont l'amour seul peut remplir
- . . . . . . . . . . . . . le grand coeur ténébreux
- Divinement élu pour les douleurs obscures.
Il a revêtu les princesses et les guerriers d'éclatantes simarres et de radieuses armures et leur a donné à chacun un geste et une attitude spéciale. Son œuvre cependant décèle une parfaite unité de conception, de langue et de rhythme depuis le premier poème : Rêves et désirs, écrit en juillet 1884, jusqu'à cette suprême ébauche en vers libres et assonants, datée d'avril 1890 :
- Le ciel, ce soir, est un rideau de fière pourpre
- Et d'or féroce et d'orageuses broderies.
- Ecoute! au delà des champs on entend sourdre
- Je ne sais quel bruit de magiques cavaleries
- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
jusqu'à la dernière pièce achevée : A Celle qui aima le Cloître, dont je veux détacher les strophes finales, plus significatives que toutes les louanges :
- Tous les deux, nous avons trop longtemps contemplé
- Les nuages en fuite et les roses du cloître ;
- Notre puissant amour pourra durer et croître,
- Notre cœur restera divinement troublé.
- Peut-être expions- nous l'ivresse merveilleuse
- D'avoir rêvé jadis à des pays meilleurs ?
- Nous sommes les amants tristes parmi les fleurs
- Et même le bonheur ne te fait pas joyeuse.
P. Q.
R. G.
Thaïs, par Anatole France (Calman Lévy). — M. A. France, ne le sait-on pas bien, est parmi les plus subtils et les plus délicats. Il serait, dans l'empire où régnerait M.