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Version actuelle en date du 24 mai 2011 à 09:13
tambourinez sur vos tempes comme un caissier qui trouve une erreur.
Mme V. — Pratique. Ma santé ne me permettrait plus l'amour pour l'amour. Je chasserai au mari.
F. A. — Si la bête passe près de moi, je vous préviendrai.
Mme V. — Riez. Dès demain matin, je commencerai mes courses.
F.A. — A quelle heure?
Mme V. — De bonne heure. Je me lève très bien, quand personne ne me retient au lit.
F. A. — Sincèrement, je vous enverrai des adresses.
F. A. — C'est l'instant de nous énumérer nos qualités. Je commence : vous ferez une excellente épouse.
Mme V. — Vous serez un bon mari, et si j'avais été plus jeune, je ne vous aurais pas cédé à une autre.
F. A. — Restons-en là.
Mme V. — Dites-moi : la petite est-elle propre ?
F. A. — Comme les fauteuils de sa mère un jour de réception.
Mme V. — Veillez a ce qu'elle fasse régulièrement sa toilette intime : c'est très important.
F. A. — Avouez que, la première, vous avez songé à notre séparation. Moi, je me trouvais très bien.
Mme V. — Encore!
F. A. — Oui, je vous ai aimée de toute ma force, et je crois qu'en ce moment même vous êtes ma vraie femme.
Mme V. — Du calme, mon ami, vous allez dire des bêtises, et comme je ne vous permettrai pas d'en faire, vous me quitterez avec la faim.
F. A. — Tes lèvres?
Mme V. — Pas même mon front.
F. A. — Ta bouche, tout de suite...
Mme V. — Faut-il sonner?
F. A. — Comme au théâtre. C'est inutile. Votre esclave, votre femme de ménage est partie.
Mme V. - Oh. nous resterons amis, de loin. F. A. — Amis de faïence. Soyez certaine que je ne dirai jamais de mal de vous.
Mme V. — Vous êtes trop bon. Si, de mon côté, il