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Poésies variées et nouveaux chats, par Alfred Ruffin (Jouaust). — Je m’imagine M. Alfred Ruffin comme un bon et honorable vieillard, ami des Muses et de Sully-Prudhomme, et je serais désolé de lui faire de la peine. Ses vers peuvent être lus par tout le monde ; ils sont classiques, réguliers, corrects, et ne contiennent rien, pas même des propos subversifs. Il dit du bien des chats, parle des bateaux qui vont sur l'eau, dédie des Éléphants à madame Judith Gautier (grosse, grosse comme Judith Gautier, disait Mirbeau), note des tableautins, place des anecdotes et fait de l’esprit. — Son livre est édité avec tout le soin de la maison Jouaust.
C. Mki.
Les Asphodèles, par Martin Paoli, Préface de François Fabié (Vanier). — L’âme d’adolescent qui se raconte ici fut touchée de l’inévitable mal, et, dans sa misère , elle déteste ces symboles de joie, de gloire et de clarté :
- … les lys, modèles
- De candeur, les genêts où s’allument les ors
- Les cyclamens neigeux s’ouvrant comme des ailes…
A. V.
La Marmite électorale, par Gaston Rayssac (Albert Savine). Un roman-pamphlet où gigotent d’amusantes silhouettes de journalistes ruraux, de magistrats, de fonctionnaires, dans un tohu-bohu de campagne électorale. De ci, de là, de piquantes anecdotes, des tableaux d’une exactitude photographique. Un peu cursivement, mais nerveusement écrit, ce livre intéressera tous ceux — et ne sont-ils pas légion ? — qui tiennent à être initiés aux mystérieux tripotages des coulisses politiques.
J. C.
Député ! par Féline de Comberousse. (Perrin et Cie). — La députation n’est d'ailleurs que pour mémoire dans ce livre prodigieusement niais. Cela pourrait aussi bien s’appeler : « De l’art de faire des enfants à sa femme pour qu’elle ne vous embête pas quand vous allez la tromper avec une ancienne. » L’auteur s’est essayé à des perversions d’il y a un siècle : livre excellent à donner aux adultes pour calmer les effervescences printanières… Mais quelle politique de village a bien pu inspirer cette ridicule odyssée ! Quand on s’intitule